# Libertés & Droits Humains
Traitement des données personnelles : L'ajout de commentaires non professionnels est illicite.

L’article L.1222-2 du Code du travail prévoit que « les informations demandées, sous quelque forme que ce soit, à un salarié ne peuvent avoir comme finalité que d'apprécier ses aptitudes professionnelles » et que « ces informations doivent présenter un lien direct et nécessaire avec l'évaluation de ses aptitudes ».

Ces informations peuvent être demandées à tout moment de la relation professionnelle, tant lors de l’embauche qu’au cours de l’exécution du contrat de travail. En pratique, les entretiens professionnels sont l’occasion de collecter des informations qui auront vocation à être utilisées dans le cadre de l’appréciation et de l’évaluation des aptitudes professionnelles du collaborateur.

Ainsi, le fichage des salariés est, en principe, autorisé et l’employeur peut donc tenir un registre contenant des informations sur ses collaborateur. Néanmoins, en vertu des principes rappelés à l’article 5 du RGPD, ces données doivent être traitées de manière licite, loyale et transparente. Ces données doivent également être adéquates, pertinentes et limitées à ce qui est nécessaire au regard des finalités déterminées, explicites et légitimes pour lesquelles elles sont traitées.

Dès lors, le fait d’adjoindre aux documents collectés pour des motifs professionnels des appréciations non professionnelles mais personnelles et subjectives, est illégal.

La sanction peut être alors particulièrement élevée, comme nous le rappelle le Tribunal de Brive-La-Gaillarde.

Dans cette affaire, une DRH d’un grand groupe de construction était en possession d’un fichier visant 180 salariés comprenant un ensemble de commentaires dégradants et personnels sur les salariés de l’entreprise tels que : « fainéant », « mytho », « élu syndical pas possible de la licencier », « suspicion d’alcoolisme », etc.

En matière de traitement de données de manière illicite, le risque pénal est, au regard des articles 226-16 et suivants du Code pénal, de cinq ans d'emprisonnement et de 300 000 euros d'amende.

Ayant eu recours à la procédure de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité, ou procédure de plaider-coupable, la DRH a reconnu les faits qui lui étaient reprochés et a été condamnée à six mois de prison avec sursis sans inscription au casier judiciaire. 


Cette affaire est un indicateur sérieux des sanctions susceptibles d’être prises à l’encontre des personnes, physiques ou morales, ne respectant pas les dispositions relatives à la protection des données personnelles.

Il est donc impératif pour les sociétés de réaffirmer la responsabilité qui pèse sur les salariés, responsables du traitement, et de veiller au respect de la collecte, du traitement et de la conservation des données personnelles sous peine de faire l’objet de sanctions importantes.

le 15/11/2023

Articles du même auteur

Rémunérations & Avantages Sociaux
L’augmentation du SMIC, une opportunité pour engager une négociation sur les salaires en entreprise ?
Depuis le dimanche 1er mai, le Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance (SMIC) a augmenté de 2,65%. Il s’agit d’un augmentation dite « automatique » dans la mesure où, depuis le 1er...
[Lire la suite]
Publié le 06/05/2022
Où en sont les dossiers de demandes d’autorisation de rupture conventionnelle des salariés protégés ?
L’ordonnance n° 2020-306 du 25 mars 2020 a suspendu un certain nombre de délais administratifs depuis le 12 mars dernier. Dans un premier temps, nous nous étions posé la question de savoir si...
[Lire la suite]
Publié le 30/04/2020
Organisation & Bien-Être au travail
Peut-on maintenir les périodes d’astreinte des salariés en activité partielle ?
Le placement en activité partielle suspend intégralement le contrat de travail du collaborateur pendant les périodes chômées. Dès lors, même s’il est en temps normal régulièrement amené...
[Lire la suite]
Publié le 07/04/2020
Libertés & Droits Humains
Les représentants du personnel sont-ils dispensés de Pass sanitaire ou de vaccin ?
Le questions/réponses sur le Pass sanitaire et l’obligation vaccinale à destination des agents de contrôle du Ministère du travail aménage l’obligation de Pass sanitaire et de vaccination...
[Lire la suite]
Publié le 21/10/2021

Nos experts : Libertés & Droits Humains

...
Louis CRESSENT
...
Saskia HENNINGER
...
Dominique DE LA GARANDERIE
...
Gwladys DA SILVA
...
Katia LENERAND
...
Elsa BENASSAIA

Nos domaine d'Expertise

Dialogue social & relations collectives
Rémunération & Avantage sociaux
Santé

Organisation & bien-être au travail
Libertés & droits humains

Ethique & compliance