A la suite de l’annonce de la Première Ministre incitant les entreprises à
établir un "plan de sobriété", la première mesure évoquée, y compris
par Elisabeth Borne elle-même, est généralement le télétravail, qui apparaît
comme la voie la plus évidente pour réduire la consommation d’énergie comme
elle l’a été pour limiter les interactions pendant l’épidémie de Covid.
A première vue, le télétravail semble effectivement de nature à limiter la consommation d’énergie : moins de consommation d’électricité au sein de l’entreprise, moins de pollution liée aux trajets domicile-travail, fourniture de PC portables qui consomment moins d’énergie que les ordinateurs fixes, réduction des impressions papier…
Mais n’est-ce pas une vision en trompe l’œil ? Le recours au télétravail est-il vraiment la solution pour réduire au niveau national la consommation d’énergie ?
Le télétravail
doit-il être appréhendé comme le remède à tous les maux ? Ceux de
l’entreprise ? Ceux de la planète ?
Un examen attentif et plus global de la situation pourrait conduire à en douter.
Pour la planète, si le recours massif au télétravail pourrait en théorie permettre à l’entreprise de réaliser des économies d'énergie, force est de constater que dans la réalité, la situation n’est pas aussi simple. D’une part, le télétravail, a fortiori l’hiver, risque d’entraîner une surconsommation d’énergie individuelle du collaborateur qui sera amené à davantage utiliser l’électricité (lumière, charge d’ordinateur) et le chauffage chez lui. D’autre part, il n’est pas certain que l’entreprise réduise effectivement sa consommation d’énergie, a fortiori dans le cadre de bureaux partagés dans lesquels tout le monde ne serait pas en télétravail en même temps et qui devraient donc continuer à être chauffés et éclairés, même s’ils sont certains jours quasi inoccupés.
Pour
l’entreprise également car les collaborateurs qui verront leur consommation de
chauffage ou d’électricité augmenter (sans forcément faire la distinction entre
ce qui relève des hausses de prix annoncées et ce qui relève du télétravail),
pourraient être amenés à demander une contrepartie ou une prise en charge de ce
surcoût par l’employeur. Concrètement, les entreprises devront donc se tenir
prêtes à répondre aux demandes d’augmentation des indemnités de télétravail
pour compenser la hausse des tarifs énergétiques que les salariés devront
supporter s’ils sont placés en télétravail…
Pour produire
son plein effet en terme d’économie d’énergie, le télétravail devrait donc être
véritablement repensé : coordination des journées de télétravail par
service ou bâtiment pour pouvoir complètement éteindre l’électricité ou le
chauffage dans ce lieu, mise en place d’un flex-office pour limiter la taille
des bureaux et les consommations d’énergie associées… Il s’agirait donc d’une
refonte profonde du système de télétravail mis en place ces dernières années
qui nécessitera un échange constructif avec les représentants du personnel et
sera, en pratique, limité à certaines entreprises, la majorité d’entre elles ne
pouvant pas aisément mettre en place ce type d’organisation.
Certes,
l’incitation au télétravail comme remède au Covid par la réduction des
interactions sociales, ou comme solution pour freiner l’impact de la pénurie
d’essence en limitant les déplacements, a démontré sa pertinence.
En revanche, il semble que le plan de sobriété ne pourra pas se traduire par la simple prolongation du télétravail sans prendre en compte les dérives de cette organisation en terme de surconsommation énergétique. Les entreprises devront aller plus loin dans leur réflexion pour pouvoir mettre en place un plan de sobriété satisfaisant et efficace, seul à même d’éviter la mise en place ultérieure de mesures plus coercitives annoncées par le Gouvernement.
C’est pour les aider dans leur réflexion que le cabinet Lagaranderie, acteur de la transition sociale, vous accompagnera toute la semaine prochaine en suggérant plusieurs idées impliquant le droit du travail et susceptibles de contribuer à réaliser des économies d’énergies pérennes.