# Rémunérations & Avantages Sociaux
Faut-il verser de la participation aux salariés en congé de reclassement ?

La participation est traditionnellement présentée comme un moyen d’associer le personnel aux résultats de l’entreprise.

L’article L. 3342-1 du Code du travail est attaché à cette approche collective puisqu’il prévoit, parfois avec une condition d’ancienneté de 3 mois au maximum posés par accord, que ce sont bien tous les salariés de l’entreprise qui doivent bénéficier de la participation.

Cette règle est évidente pour les salariés présents sous CDI, voire même pour ceux qui travaillent sous CDD pour une certaine durée.

Quelques situations présentent parfois des singularités qui génèrent un doute.

C’est le cas des salariés en congés de reclassement.

Rappelons que le congé de reclassement est proposé par l’employeur, dans les entreprises ou groupes de 1.000 salariés et plus, à chaque salarié dont le licenciement économique est envisagé.

Un tel congé, dont la durée varie en principe entre 4 et 12 mois, vise à favoriser le reclassement des intéressés en leur permettant de bénéficier notamment de prestations d’une cellule d’accompagnement.

La nature des sommes versées au salarié durant ce congé de reclassement constitue un élément de singularité.

En effet, si ce collaborateur perçoit, au début du congé, la rémunération qui lui est normalement due au titre du préavis, il reçoit ensuite une allocation mensuelle versée par l’employeur pour la période du congé excédant la durée du préavis.

En présence d’une telle allocation, certains employeurs ont déduit que ces collaborateurs, en situation transitoire et singulière, devaient être exclus du bénéfice de la participation.

Tel fût le cas dans une décision du 7 novembre 2018 (Cass. Soc. 7.11.2018 n°17-18936).

Dans ce litige, une société prétendait en effet que le congé de reclassement ne correspondait pas à une période de travail effectif et soutenait en outre que l’allocation de reclassement n’avait pas être retenue ni pour le calcul de la participation ni pour sa répartition du fait de son exonération de cotisations sociales.

Pour l’employeur, ces deux éléments singuliers justifiaient que ces collaborateurs en congé de reclassement soient exclus du droit à participation.

Se prononçant pour la première fois sur cette question à notre connaissance, la Cour de cassation n’a nullement suivi la société.

Pour ce faire, les Juges se sont contentés de relever que les collaborateurs en congé de reclassement demeurent salariés de l’entreprise jusqu’au terme du congé, suivant l’article L. 1233-72 du Code du travail.

Comme elle l’avait déjà fait au sujet des salariés détachés à l’étranger (notamment Cass. Soc. 22 mai 2001 n°99-12902), il est aujourd’hui manifeste que, pour la Haute cour, le statut de salarié supplante toute autre considération et ouvre le droit au bénéfice de la participation.

Pour La Garanderie Avocats, cette décision est cohérente et invite les services RH à s’assurer que le droit à participation des salariés inscrits aux effectifs, peu important leur particularité, est préservé.

le 22/11/2018

Articles du même auteur

Organisation & Bien-Être au travail
Fraude au dispositif d'activité partielle : Quelles sont les sanctions encourues ?
Au moment de la demande d’activité partielle, l’employeur renseigne le nombre d’heures chômées prévisionnelles.Les heures effectivement travaillées sont ensuite portées au mois le mois...
[Lire la suite]
Publié le 30/03/2020
Rémunérations & Avantages Sociaux
Un salarié sous contrat de droit français mais basé à l’étranger peut-il bénéficier du chômage partiel ?
L’article 2.3. de la circulaire n°2013-12 du 12 juillet 2013 qui détaille le dispositif de chômage partiel applicable avant la crise du coronavirus exclue expressément du dispositif « les...
[Lire la suite]
Publié le 20/04/2020
Dialogue Social & Relations Collectives
L’employeur peut-il encore se dispenser de recueillir l’accord d’un salarié protégé pour le placer en activité partielle en cas d’individualisation ?
Revenant sur le principe selon lequel aucune modification de ses conditions de travail ne peut être imposée au salarié protégé, l’ordonnance n° 2020-346 du 27 mars 2020 portant mesures...
[Lire la suite]
Publié le 29/05/2020
Organisation & Bien-Être au travail
Le Covid-19 éloigne-t-il le risque de sanctions pour non-respect des obligations en matière d’entretiens professionnels et entretiens récapitulatifs ?
Comme nous avons eu l’occasion de le rappeler dernièrement (https://www.linkedin.com/posts/la-garanderie-avocats_entretiens-professionnels-activity-6709831093706608640-telu), les salariés doivent...
[Lire la suite]
Publié le 16/10/2020

Nos experts : Rémunérations & Avantages Sociaux

...
Justine GODEY
...
Stephanie SERROR
...
Bertrand MERVILLE
...
Dominique DE LA GARANDERIE
...
Guy ALFOSEA
...
Gwladys DA SILVA

Nos domaine d'Expertise

Dialogue social & relations collectives
Rémunération & Avantage sociaux
Santé

Organisation & bien-être au travail
Libertés & droits humains

Ethique & compliance